[ARTICLE] Parra est l'homme à abattre

Bonnaire, Harinordoquy et les autres : Parra aura besoin de tous face à la marée des Blacks.

[ARTICLE] Parra est l'homme à abattre Morgan-Parra-Imanol-Harinordoquy_scalewidth_640

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Bombardé par Marc Lièvremont au poste d’ouvreur pour affronter les All Blacks, Morgan Parra sera samedi, à l’Eden Park, l’homme à abattre au cœur du système de jeu de l’équipe de France. Positionné au sein d’un triangle 10-12-13 tout neuf aux repères incertains, le demi de mêlée des Bleus, aussi courageux soit-il, aura besoin de toute la famille française pour survivre aux avions de chasse néo-zélandais.

Une garde rapprochée pour le protéger
"Mais pourquoi voulez-vous tous qu’on le protège ? Il est bien assez grand pour se protéger…" Julien Bonnaire manie la boutade, mais celui que Marc Lièvremont a désigné comme le joueur le plus complet du groupe France ne sera pas de trop pour venir en aide ce samedi, à l’Eden Park, à un Morgan Parra offert, pour sa première titularisation en tant qu’ouvreur au niveau international, à l’armada des All Blacks. Avec son gabarit de demi de mêlée (1,80m, 80kg), les Bleus aimeraient sans doute ne pas voir leur "petit caporal" tricolore se transformer en fin de soirée en cible émouvante.

Car d’ores et déjà, le dix par intérim a été pointé par le staff néo-zélandais. "Il va jouer à un poste nouveau pour lui au niveau international et clairement ce serait vraiment négligeant de notre part de ne pas lui prêter une attention toute particulière." C’est très élégamment dit par Steve Hansen, l’adjoint de Graham Henry, mais le message est on ne peut plus clair : Parra sera samedi soir l’homme à abattre pour les chars d’assaut de la troisième ligne des All Blacks, j’ai nommé messieurs McCaw, Kaino et Thomson. "L’avantage, c’est qu’on joue quand même à quinze, à partir de là, je ne les prendrai pas tout seul dans la gueule", avait crânement avancé Parra dès mardi, jour de l’annonce de la composition française. La défense, c’est d’homme à homme au début, mais il faut essayer de communiquer et d’être le mieux possible. "Comme on dit : j’essaierai de m’y filer et on verra bien à la fin." Depuis son éclosion au niveau international, Parra a montré un tempérament hors du commun, mettant souvent la tête là où d’autres rechignent à mettre le pied… Mais ce défi, suicidaire pour certains, est d’une ampleur inédite. "La plupart du temps, c’est là où ils attaquent, premier temps de jeu, ils aiment bien y lancer des Nonu, des Sonny Bill Williams", détaille Julien Pierre, qui débutera sur le banc, prêt à rentrer dans la mêlée pour porter secours, si besoin est, à son jeune coéquipier. "Ils vont le faire d’autant plus sachant que c’est le premier match de Morgan à l’ouverture…"

A l’origine de cette mise en danger, Lièvremont a pris sa décision en toute connaissance de cause: On peut penser que ça va être une de leur piste de jeu, même si ce n’est pas le plus lourd de nos joueurs, Morgan est tout sauf un gringalet, c’est un garçon très courageux et je fais confiance à notre troisième ligne pour le protéger. C’est dit. Plus que jamais, le dix évoluera sous asistance, même si Bonnaire ajoute encore: "Je ne pense pas qu’il s’échappera, loin de là, il en a déjà plaqué des bien plus gros que lui. Il ne s’enlèvera pas, ça, c’est sûr." Toutefois, il sera présent: "On essaiera de l’aider au maximum parce que ce n’est pas évident pour lui. A nous de faire ce qu’il faut autour de lui pour le mettre dans les meilleures conditions psychologiques." Et Pierre de rassurer: "Il y a deux ou trois amis autour de lui avec Juju et Titi, qui vont être capables de découper autour tout ce qui arrive."

Un triangle tout neuf pour le soulager
"La nuit, on se lève, on fait des lancements dans les couloirs…" Même détachement pour Maxime Mermoz. Les Bleus s’avancent samedi pour ce choc face aux Blacks non seulement avec un n°10 très improbable il y a encore quelques semaines, mais avec un triangle 10-12-13, dont l’expérience dans cette configuration est quasi nulle ; et il leur aura fallu peaufiner leurs repères et leurs lancements de jeu en l’espace d’une semaine d’entraînement réduite.

Pourtant, là aussi, la mise sous assistance de Parra devra être effective, à commencer par l’appui du jeu au pied de Damien Traille à l’arrière pour soulager son ouvreur sur le jeu d’occupation, mais aussi de Dimitri Yachvili, endossant la charge de buteur. Quant à la paire de centres, Aurélien Rougerie et Mermoz, elle devra se montrer disponible. "Morgan, en jouant neuf, sert beaucoup de relayeur, argumente le Catalan. Là, il cherche beaucoup à faire jouer et il ne s’enferme pas dans un rôle, à se dire: « Je suis dix, il faut que je distribue au maximum. » Il essaie de se reposer sur le soutien des avants et c’est à nous de ne pas le laisser seul en lui offrant des solutions." Et même si les repères collectifs semblent des plus réduits, Mermoz se veut positif avant tout: "Les lancements de jeu, ça n’est qu’une amorce. Le match, ce n’est peut-être que cinq pour cent de lancements et tout le reste, c’est savoir s’adapter, c’est le plus dur et c’est là que les Blacks sont les meilleurs." Un vécu commun, face à l’entente Smith-Nonu, l’une des plus rodées au niveau international, ne serait, selon lui, pas forcément décisive: "Je comprends que des joueurs ayant joué ensemble, c’est plus simple, mais pour moi, ça ne fait pas tout…"

Les phases défensives ne seront pas moins ardues: "On s’accrochera, ils sont des bons lancements, des individualités qu’il faut prendre à deux", énumère encore Mermoz. "Il n’y a personne qui va s’enlever et on va essayer de leur barrer le chemin et de les arrêter". Du haut de ses 30 ans, Rougerie mesure tout autant l’ampleur de la tâche: "Ça va être difficile, compliqué, il va falloir être vigilant, mais aussi essayer de les perturber parce qu’il y a moyen aussi que ce soit dans l’affrontement direct ou sur les courses sans ballon. […] Après, ça reste un match de rugby, ils ont deux bras, deux jambes." Parra, lui, aimerait surtout en sortir entier…

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RUGBYNEWS

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