Portrait Nathan Hines

Profession « Pénible » !

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Pénible / Définition : qui laisse une impression désagréable, déplaisante. Que l’on a du mal à supporter. Bien évidemment, on ne parle pas de l’homme charmant, souriant et toujours prêt à entamer la discussion ou se marrer, mais bien du joueur qui devient une véritable plaie pour ses adversaires lorsqu’il enfile la tunique « jaune et bleu »…Portrait

Arrivé depuis quelques semaines, en Auvergne, Nathan Hines n’a pas mis longtemps à se faire une place dans le groupe clermontois où il n’est, déjà, pas le dernier à se frotter aux « chambreurs du groupe » où à taquiner ses camarades en les bousculant où leur faisant tomber leurs chaussures dans le couloir des vestiaires. Un grand joueur donc et dans tous les sens du terme. Pas vraiment le genre de personne qui attire de la crainte ou de l’agacement. Difficile d’ailleurs de lui trouver un trait de caractère déplaisant si ce n’est « qu’il parle trop bien français ! » selon Julien Malzieu qui a du mal à le « brancher » sans qu’il ne comprenne… Car l’international écossais, né en Australie à Wagga Wagga un endroit que lui-même situe « nulle part », a passé quatre saisons à Perpignan et maîtrise à la perfection la langue de Molière. Un élément supplémentaire qui a grandement facilité son intégration en Auvergne.

Sur le terrain, le charmant personnage dans la vie se transforme, en parfait pénible, un joueur imbuvable qui agace ceux qui croisent sa route dans les rucks. Les rucks, son jardin où il aime à la fois se faire respecter et compliquer la vie de ceux avec qui il le partage. Une ambivalence assez commune pour les Rugbymen que le double mètre écossais cultive depuis maintenant de nombreuses années. Quand on aborde le sujet, au lieu de nier ou de chercher une porte de sortie, il préfère exploser de rire… « Pénible ? Je crois que je l’ai toujours été sur un terrain et avec l’expérience je crois que je le suis encore davantage… » Avant de se bidonner à nouveau.

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Mais en quoi cela consiste –t-il ? Nathan est le mieux placé pour répondre. « C’est un joueur qui rend les rapports avec les autres assez inconfortables. J’essaye, notamment dans les rucks, que rien ne soit facile pour mes adversaires. Je ne donne rien ! » En revanche, dans le combat, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il sait se montrer généreux et se sert de sa puissance physique comme d’une remarquable arme, si ce n’est dissuasive, efficace dans ces zones d’affrontement qu’il apprécie tout particulièrement.
Pas question pour autant de devenir lui-même une plaie pour les siens et de faire subir à son équipe un tribut trop important vis-à-vis du corps arbitral, alors le solide s’est adapté « J’ai appris au fil de ma carrière à me montrer plus discret, notamment grâce à mon passage à Leinster. C’est ce que l’on doit appeler le travail de l’ombre, sourit-il…Leo Cullen est un grand spécialiste et j’ai beaucoup appris à ses côtés. » La communication avec les arbitres est également importante et s’il y a bien une personne qu’il ne veut pas agacer c’est l’homme en noir « Je parle souvent avec les arbitres. C’est important pour moi de ne pas me mettre dans la faute. Je leur demande si je peux continuer de faire ci ou ça… J’essaye toujours de faire des efforts, pour me mettre exactement sur la limite de la règle ou plutôt à la limite de ce qu’ils acceptent. »

Une pénibilité que Nathan assume et envisage plus « comme un succession de petits gestes qui deviennent insupportables au fur et à mesure que le match avance » Rien de bien méchant, un tirage de maillot par-ci, une lenteur à se dégager de son adversaire, par-là ou un petit coup d’épaule supplémentaire… La panoplie complète du guerrier expérimenté.
A la question aimerais-tu jouer contre toi ? Nathan n’hésite pas une seconde ! « Oui ! Je ne suis pas une exception beaucoup de joueurs agissent de la sorte et cela ne me dérange pas d’en affronter. Si je perds parfois de la lucidité, je reste toujours dans un rapport de respect avec l’autre. Le rugby est un sport de contact et de combat, cela fait partie du jeu. C’est là toute la différence entre la violence et l’engagement ! »

Un joueur vertueux qui sait faire abstraction de sa petite personne pour le bien de son équipe et qui définit assez simplement son rôle : « J'ai plaisir à faire mon boulot ! Mon rôle en dehors de phases de conquête est d’accélérer nos libérations de balle et de ralentir celles de nos adversaires, ce n’est pas plus compliqué ! » Et lorsque l’on rentre plus dans le détails, lui ne s’attarde pas préférant simplement marteler sa devise : « Si je dois être éliminé dans un ruck, je dois absolument éliminer un adversaire avec moi. »

Ses meilleurs souvenirs ne sont pas cette remarquable chistera réalisée face à Biarritz sur la pelouse du Michelin, il y a quelques semaines, ils appartiennent plus à la discrétion… Deux exemples parmi d’autres relatés par Nathan « La semaine dernière à Montpellier, sur l’essai de Morgan, je retiens trois défenseurs au sol, enfin disons que je tarde un peu pour me dégager…(rires) » « et la saison dernière, il doit y avoir prescription (rires à nouveau), avec Leinster, j’étais à côté du ruck et sur l’essai qu’inscrit Cian Healy, je retiens deux défenseurs, personne ne l’a vu mais cela m’a fait énormément plaisir ! » Un vrai poison qui énerve forcement un peu …

Ses modèles sont comme lui, rarement sous le feu des projecteurs, des frères d’armes qu’ils respectent mais qu’ils n’aiment pas forcement croiser sur le terrain. Ils se nomment Thibaut Privat, Julien Pierre, ou Leo Cullen, tous font partie de la confrérie des secondes lignes besogneux. Des durs au mal et des pénibles, comme lui…

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(site ASM CA)